Entre les ombres et le souvenir...
À l'approche de novembre, la célébration des défunts est, elle, bien vivante... Pour certains, elle se manifeste par une évocation humoristique des esprits, tandis que pour d'autres, elle prend la forme d'une cérémonie religieuse empreinte de gravité.
Il n'y a qu'un jour entre la fête païenne d'Halloween et la commémoration solennelle de la Toussaint. Sachez cependant que ce hasard calendaire n’en est pas un, car Halloween tire son origine de l'expression « All Hallows’ Eve », qui signifie « veille de la Toussaint ».
La musique face à la mort.
Peu importe nos croyances ou notre perception de la mort, la musique participe à la sublimation de cet ultime et inéluctable passage que nous devons tous emprunter un jour.
Si les compositeurs s'inspirent volontiers de ce thème évocateur, ils n’œuvrent pas vraiment pour le rapprochement des convictions... Un fossé sépare leurs visions de l’au-delà. Qu’importe. Il serait de toute façon bien incongru de comparer une playlist Halloween de Michael Jackson à la Messe en si mineur de Bach, ou bien de discuter des bandes sonores emblématiques des films de Hitchcock ou Burton, dans le seul but de les opposer à un oratorio de Haendel. C’est d’ailleurs le même constat si l’on se restreint au seul domaine de la musique classique. Quel intérêt y aurait-il à confronter la Danse macabre de Saint-Saëns et le Requiem de Mozart ?
Mettre en parallèle les deux univers n'a donc pas vraiment de sens, tant ils semblent se situer aux antipodes. Cependant, toute caricature met en lumière son sujet, et l'idée même d'Halloween repose sur la question de la vie après la mort. En ce sens, Halloween, bien que profane, entretient à sa manière le concept sacré de la Toussaint.
Alors, le sujet est-il vraiment aussi manichéen qu'il y paraît ? Est-il vraiment impossible d'en évoquer les musiques sans tomber dans les clichés habituels ? Peut-être pas… Tout ne doit pas être réduit à une opposition primaire entre vision profane et conviction religieuse.
Le requiem
Prenons, par exemple, une forme musicale fortement enracinée dans la tradition de la musique sacrée, à savoir le requiem. De nombreux compositeurs en ont marqué le genre, chacun y apportant sa sensibilité et son style distinctif. N’y voyons là aucune volonté de transgression artistique de leur part. Bien au contraire, il est important de considérer que la spiritualité et la religion sont des expériences profondément personnelles. Même dans un cadre religieux parfaitement délimité, il est tout à fait logique que chaque compositeur communique sa propre vision du requiem, en lien avec sa foi et ses convictions.
Parmi la pléthore de requiems existants, penchons-nous sur les compositions monumentales de Mozart, Verdi, Fauré et Ligeti, et pour en simplifier la comparaison, restreignons notre champ d’investigation au seul Kyrie Eleison.
- Celui de Fauré est le plus serein. Le kyrie est, par essence, une supplication, mais le compositeur ne le traite pas comme telle. Plutôt que d’y voir un déchirement, il s’applique ici à mettre en valeur la réponse divine à cette prière, à savoir, le pardon et la miséricorde. Il se dégage de son kyrie une sensation de plénitude et de paix intérieure.
- En opposition avec la vision de Fauré, Verdi appuie son kyrie sur un jeu théâtral puissant. Pour Verdi, l’interpellation du divin n’a rien d’intime et doit faire appel à toute l’énergie de l’être pour accomplir cette ultime requête.
- Pour Ligeti, la supplication avant la mort est centrale et ne laisse aucun espoir à la rédemption. La pénitence semble être le seul chemin. À travers ses harmonies d’une noirceur extrême, on a presque l’impression d’entrevoir les limbes.
- L’approche de Mozart est la plus complexe. Une fugue plurithématique lui permet d’exposer simultanément le kyrie eleison et le christe eleison, qui sont pourtant traditionnellement utilisés à tour de rôle. Mozart nous bouscule à travers ce contrepoint énergique volontairement déroutant. Il met ainsi l’accent sur les contradictions de l’âme humaine confrontée à la mort qui arrive.
Sur la base de ce seul rite sacré qu’est le requiem, on observe donc des sensibilités très distinctes qui s’expriment dans ces quatre chefs-d’œuvre de la musique. De nombreux autres compositeurs ont également traité le sujet universel de la mort à leur manière, sans oublier que, à travers le monde, d'autres cultures nous offrent un éclairage complètement différent
Dernières pensées...
Au final, ce qui nous relie tous, c’est que la mort, en tant que réalité inévitable, nous incite à réfléchir sur nos choix et nos aspirations. Elle nous encourage à vivre de manière authentique, à poursuivre nos passions et à créer des souvenirs significatifs. Rien de mieux que la musique pour cet accomplissement..
Dans la collection :
Les modèles de papier à musique illustrant cet article
Papier à musique Modèle “Jack-o’-lantern” – Un papier typique de la fête d’Halloween.
Papiers à musique Modèles “Chant du souvenir I & II” – Du papier à musique orné d’une couronne pour les chants commémoratifs.