La gymnastique de l’esprit
C’est une interrogation récurrente chez les musiciens. Les enseignants sont d’ailleurs régulièrement interpellés sur ce point discutable.
La pratique du chant ou d’un instrument est-elle une activité intellectuelle ou physique ?
Les deux, mon capitaine !
Si cette réponse triviale est sous-entendue dans la question, on se doit d’aller un peu plus loin pour rendre justice aux assidus souffleurs et autres gratteurs. La musique est un vrai sacerdoce et ceux qui ne se sont pas adonnés à cette passion dévorante n’ont pas idée des implications qu’elle engendre sur le corps et l’esprit.
À la question posée, le néophyte répondra la plupart du temps que l’apprentissage de la musique relève du loisir, pour ne pas dire de l’amusement ou de l’oisiveté. Un petit sourire docte au coin des lèvres, il vous affirmera la frivolité de cette pratique et minorera son impact sur le corps et l’esprit. À ses yeux, l’activité musicale ne sollicite pas plus notre cerveau que nos muscles. Au mieux, reconnaîtra-t-il la « chance » que le musicien a de s’adonner à son art. Sur ce point précis, restons consensuels et donnons-lui raison.
Cette double absence de reconnaissance de l’investissement physique et mental est pourtant bien à l’origine de nombreuses afflictions chez l’élève musicien, et participe au mal-être de toute une profession. Le travail quotidien de l’élève n’est pas considéré comme une performance, mais comme un devoir, un dû. De même, contre toute logique, le musicien professionnel ne peut se prévaloir au fil du temps d’une diminution naturelle de ses performances, comme c’est le cas pour les sportifs. Le drame, c’est que les musiciens, par crainte de se sentir dévalorisés, entretiennent souvent cette aberration sociétale. Ils alimentent ainsi le mythe du corps et de l’esprit aux performances constantes de 7 à 77 ans…
Certains s’accrochent à cette croyance et arguent de la longévité de certains solistes. Oui, mais l’exception ne fait pas la règle. On trouve aussi des sportifs à la carrière incroyablement longue.
Le musicien, aussi talentueux soit-il, a aussi ses limites, comme tout être humain.
Pour en revenir à la question qui nous préoccupe, en musique, tout est sollicité. Nos articulations, nos muscles sont constamment mis à rude épreuve. Nos sens, notre intellect et notre corps interagissent tellement que le corps calleux des musiciens (la jonction entre les hémisphères du cerveau) est 12 % plus développé que chez un individu lambda… le musicien est un être connecté !
On aurait finalement pu placer le débat sur le plan de l’opinion ou de la philosophie, mais ce n’est pas nécessaire. Les arguments scientifiques au travers de nombreuses études existantes sont suffisamment éloquents pour que nous osions l’aphorisme : la musique est épanouissante. Sa pratique engage et imbrique le corps et l’esprit au-delà de toute autre activité créatrice.
Dans la collection :
Papier à musique modèle “Carte mentale” – Un papier à musique fantaisiste qui reprend le visuel d’une carte mentale.
Ressources externes :
Modifications physiologiques et neuro-anatomiques induites par la pratique musicale